Viktor Kravchenko est historiquement l’un des premiers gros transfuges de l’URSS. Ancien apparatchik du pouvoir soviétique, l’auteur fuit la dictature stalinienne en 1944 alors qu’il se trouvait temporairement détaché à Washington pour le compte de son gouvernement.
En février 1946, il publie un ouvrage autobiographique retentissant de 800 pages nommé « I chose Freedom » qui se vendra très rapidement à plus de deux millions d’exemplaires aux États-Unis. En France, l’ouvrage sortira en 1947 sous le titre traduit littéralement « J’ai choisi la liberté » et sera à l’origine d’un procès en diffamation intenté par Kravchenko deux années plus tard contre la revue communiste Les lettres françaises.
L’ouvrage de Kravchenko bénéficiera de 22 traductions dans le monde.
Ce document, unique en son genre, est un véritable témoignage des exactions du régime soviétique, et il engendre dans une France où le Parti communiste est puissant, une réaction épidermique. Une terrible guerre de l’information s’opère alors, entre propagande et intoxication politique.
Cet ouvrage fera l’objet dans la France de 1949 d’un procès retentissant dont nous rappellerons les faits dans un article dédié. Nous analyserons les mécanismes de désinformation, de manipulation et de propagande propres à cette époque tout juste sortie de la Seconde Guerre mondiale, et pas encore tout à fait entrée dans la Guerre froide. Cette période d’après-guerre si politiquement clivante offre un terreau d’étude particulièrement riche qu’il nous est nécessaire de garder à l’esprit, car l’histoire a souvent la fâcheuse tendance à se rappeler à nous !