Carl von Clauswitz écrit en 1812 un manuel pour le jeune prince héritier Frédéric Guillaume, dont il est le précepteur. L’ouvrage entérine la dépendance absolue de la théorie de la guerre à l’expérience historique et confirme qu’il faille s’éloigner des récits d’historiens qui réécrivent l’histoire, plutôt que de la narrer dans ses moindres détails. Il répète sans cesse qu’il faut sans cesse confronter les principes à l’expérience des combats réels, afin de les corriger et ainsi suivre l’évolution des techniques guerrières.
Carl von Clauswitz martèle également qu’il y aura toujours un écart entre les principes et leur mise en œuvre. La conduite de la guerre ressemble au fonctionnement d’une machine complexe dont les pièces frottent. Ce concept de « friction » défini comme « ce qui distingue la guerre réelle de celle qu’on peut lire dans les livres » constituera la pierre angulaire de son livre « De la guerre ». Toute étude réaliste d’une pratique ou d’un fonctionnement devra être attentive aux frictions. Le réel devient « frictionnel » ou chaque petit détail insignifiant peut perturber le bon déroulement d’une action et rendre une situation imprévisible. L’homme d’expérience saura évaluer a priori toutes les possibilités de déroulement d’une action, et ne se laissera pas surprendre par un état de fait qu’il n’aura pas évalué en amont.
« Il faut mobiliser toutes les forces qui nous sont données, avec la plus grande application. Faire preuve de mesure en la matière, c’est arrêter sa course avant le but. Même si le succès était un peu près probable en soi, ce serait cependant un suprême manque de sagesse que ne pas mettre la plus haute application à le rendre tout à fait certain ; car un tel effort ne peut jamais nuire. » —Les Principes fondamentaux de stratégie militaire (1812)
« Il ne faut pas perdre de temps. Lorsqu’on ne retire aucun avantage particulièrement important du fait de temporiser, il importe de régler la chose aussi vite que possible. La rapidité aidant, cent mesures de l’ennemi sont étouffées dans l’œuf, et l’opinion publique bascule en notre faveur. » —Les Principes fondamentaux de stratégie militaire (1812)
« Rester fidèle dans l’exécution aux principes qu’on s’est fixés » —Les Principes fondamentaux de stratégie militaire (1812)
« Mille doutes nous assaillent au moment de mettre à exécution une décision que nous avons prise, compte tenu des dangers qui pourraient en résulter si nous nous étions fortement trompés dans notre estimation. Un sentiment d’anxiété, qui s’empare en général facilement de l’homme au moment d’exécuter de grandes choses, se saisit de nous, et de cette anxiété à l’irrésolution, de celle-ci aux demi-mesures, il n’y a qu’un tout petit pas insensible à franchir ». - Les Principes fondamentaux de stratégie militaire (1812)
« L’état dans lequel se trouve l’ennemi, on ne le voit pas ; notre propre état, on l’a sous les yeux ; c’est pourquoi ce dernier agit plus fortement sur les hommes ordinaires que le premier, parce que, chez les hommes ordinaires, les impressions sensibles sont plus fortes que le langage de l’entendement. » —Les Principes fondamentaux de stratégie militaire (1812)
« La guerre est un acte de violence destiné à contraindre l’adversaire à exécuter notre volonté. Elle s’accompagne de restrictions infimes, à peine dignes d’être mentionnées, et qu’elle impose sous le nom de “droit des gens”, mais qui n’affaiblissent pas sa force. La violence physique est donc le moyen, la fin d’imposer sa volonté à l’ennemi. Dans une affaire aussi dangereuse que la guerre, les erreurs dues à la bonté d’âme sont la pire des choses. Comme l’usage de la force physique dans son intégralité n’exclut nullement la coopération de l’intelligence, celui qui ne recule devant aucune effusion de sang prendra l’avantage sur son adversaire si celui-ci n’agit pas de même. » —De la guerre (laissé inachevé à sa mort en 1831)
Emmanuel Todd
« Au cœur de la crise, nous devons donc identifier un effondrement des croyances collectives, et particulièrement de l’idée de nation. Nous constatons, empiriquement, que l’effondrement de cet encadrement social et psychologique n’a pas mené à la libération et à l’épanouissement des individus, mais au contraire à leur écrasement par un sentiment d’impuissance » —L’Illusion économique, Essai sur la stagnation des sociétés développées (1998)
« L’empire formel fondé sur le contrôle territorial laisse la place à un empire informel dont la puissance s’exprime par la dépense monétaire, financière, commerciale et énergétique » - L’Illusion économique, Essai sur la stagnation des sociétés développées (1998)
Edouard Bernayes
« La propagande ne cessera jamais d’exister. Les esprits intelligents doivent comprendre qu’elle leur offre l’outil moderne […] pour créer de l’ordre à partir du chaos » — Propaganda (1928)
Eric Delbecque & Christian Harbulot
“La stratégie rend possible la puissance et son absence réduit à néant les possibilités de développements et d’épanouissement global (matériel et culturel) d’une nation. Pour être encore plus précis, la poursuite d’une action finalisée en milieu conflictuel, qui caractérise la stratégie, forme le socle de tout projet politique.”— L’impuissance française : Une idéologie ? (2017)
« Les gens intelligents, mais dépourvus d’originalité dominent forcément la recherche et ils ne voient pas la différence entre la pensée vraiment novatrice et le sensationnalisme qui dit n’importe quoi pour échapper à l’anonymat. Il faut prendre des risques sans se soucier d’une imprimatur que les Américains ne sont nullement habilités à nous donner. Le vrai risque pour la France, c’est la perte volontaire de son indépendance intellectuelle. » —L’impuissance française : Une idéologie ? (2017)
« D’un côté se dévoilent de manière de plus en plus évidente les partisans d’une Europe fédérale et acquise au capitalisme financier (ce qui ne recouvre pas exactement le même champ conceptuel et pratique que le libéralisme). Ce camp ne croit qu’aux experts et aux élites émancipées des nations et trouve en fait leur modèle dans la république censitaire (ou la monarchie, peu importe). Il combat d’abord et avant tout le modèle démocratique et déteste donc par-dessus tout l’État républicain plébiscitaire et la fonction tribunitienne du leader. Rien n’est pire pour ces gens que la tradition gaullienne (confondue à tort avec le bonapartisme le plus grossier, voire le boulangisme) qui croit à l’alliance de quelques hommes et d’un peuple pour freiner les élans oligarchiques des “féodalités”. » —L’impuissance française : Une idéologie ? (2017)
« Il y a bien en revanche une guerre économique, dont le TAFTA ou le sort d’Alstom sont des enjeux forts : certes, ce concept chagrine toujours certains esprits trop baignés d’idéologie libérale ou de politiquement correct. Ceux-ci ne voient qu’une saine hyperconcurrence entre les acteurs économiques et jugent que l’ubérisation préfigure le monde de demain. Drapés dans l’orthodoxie schumpeterienne de destruction créatrice, ils évacuent de leur raisonnement l’inscription de l’économie dans un écosystème socioculturel et nient la dynamique des stratégies de puissance des États. Accepter ce paradigme de la guerre économique ne vaut pas refus du mode de production capitaliste ou de l’ambition libérale. Cela implique en revanche, c’est exact, de trouver le chemin concret de l’invention crédible au quotidien de la célèbre et éternelle troisième voie évitant les excès du dirigisme et ceux du laisser-faire. Jusqu’à présent, le relatif échec de la politique publique d’intelligence économique démontre que notre pays cherche encore cette route spécifique entre capitalisme sauvage et économie dirigée. » —L’impuissance française : Une idéologie ? (2017)
Olivier Hassid & Lucien Lagarde dans « Menaces mortelles sur l’entreprise française »
« C’est en cela que le patriotisme économique se distingue du protectionnisme : alors que le second vise à conférer un avantage aux entreprises nationales au détriment de ses concurrents étrangers, le premier cherche à compenser les déséquilibres artificiels du marché. L’objectif n’est pas l’exclusivité commerciale, mais la protection du cœur de l’économie nationale face aux défaillances du système global. »
Eric Fromm
Dans son livre intitulé « On Disobedience: Why Freedom Means Saying "No" to Power »
« Human history began with an act of disobedience, and it is not unlikely that it will be terminated by an act of obedience. »
Jean-François Mouhot
Dans son livre intitulé « Des esclaves énergétiques. Réflexions sur le changement climatique » — 2011
« Si nous étions capables d’attribuer équitablement un quota d’émission de CO2 par personne, et de maintenir les émissions mondiales sous le niveau de ce que les puits de carbone de la planète peuvent absorber globalement chaque année, la progression du changement climatique ralentirait peu à peu. »
John Swinton
“Quelle folie que de porter un toast à la presse indépendante ! Chacun, ici présent ce soir, sait que la presse indépendante n’existe pas. Vous le savez et je le sais. Il n’y en a pas un parmi vous qui oserait publier ses vraies opinions, et s’il le faisait, vous savez d’avance qu’elles ne seraient jamais imprimées, je suis payé 150 $ par semaine pour garder mes vraies opinions en dehors du journal pour lequel je travaille. D’autres parmi vous sont payés le même montant pour un travail similaire. Si j’autorisais la publication d’une bonne opinion dans un simple numéro de mon journal, je perdrais mon emploi en moins de 24 heures, à la façon d’Othello. Cet homme suffisamment fou pour publier la bonne opinion serait bientôt à la rue en train de rechercher un nouvel emploi. La fonction d’un journaliste (de New York) est de détruire la Vérité, de mentir radicalement, de pervertir, d’avilir, de ramper aux pieds de Mammon et de se vendre lui-même, de vendre son pays et sa race pour son pain quotidien ou ce qui revient au même : son salaire. Vous savez cela et je le sais ; quelle folie donc que de porter un toast à la presse indépendante. Nous sommes les outils et les vassaux d’hommes riches qui commandent derrière la scène. Nous sommes leurs marionnettes ; ils tirent sur les ficelles et nous dansons. Notre temps, nos talents, nos possibilités et nos vies sont la propriété de ces hommes. Nous sommes des prostitués intellectuelles.”En version originale prononcée par le journaliste :
« There is no such thing in America as an independent press, unless it is in the country towns. You know it and I know it. There is not one of you who dares to write his honest opinions, and if you did you know beforehand that it would never appear in print. I am paid $150.00 a week for keeping my honest opinions out of the paper I am connected with—others of you are paid similar salaries for similar things—and any of you who would be so foolish as to write his honest opinions would be out on the streets looking for another job. The business of the New York journalist is to destroy the truth, to lie outright, to pervert, to vilify, to fawn at the feet of Mammon, and to sell his race and his country for his daily bread. You know this and I know it, and what folly is this to be toasting an “Independent Press.” We are the tools and vassals of rich men behind the scenes. We are the jumping jacks; they pull the strings and we dance. Our talents, our possibilities and our lives are all the property of other men. We are intellectual prostitutes. »
Déclaration faite par le journaliste John Swinton, ex-rédacteur en chef du New York Times, lors d’un banquet donné en son honneur à l’occasion de son départ en retraite (en 1914), en réponse à un toast porté à la presse indépendante.
Philippe d’Iribarne
« La lucidité est un obstacle au rêve, elle ne l’est pas à l’action » —L’étrangeté française
Nietzsche
« Grimper et ramper sont toujours une même chose. Tout est une question d’inclinaison de la pente. »
Romain Gary
“Le patriotisme c’est l’amour des siens, le nationalisme c’est la haine des autres”
Léon Gambetta
« Être républicain, c’est être patriote »
Miyamoto Musashi, un samouraï du XVIe siècle
« Une nation dont le peuple est incapable de concevoir l’avenir est condamnée à périr »Lacan
« Le désir n’est que le désir du désir de l’autre »
« Le plaisir d’être dans les foules est une expression mystérieuse de la jouissance de la multiplication du nombre. Tout est nombre. Le nombre est dans tout. Le nombre est dans l’individu. L’ivresse est dans le nombre. »
« Il est de la nature d'une République qu'elle n'ait qu'un petit territoire : sans cela elle ne peut guère subsister. L'esprit de la monarchie est la guerre et l'agrandissement, l'esprit de la République la paix et la modération. » - L’esprit des lois
Jean-Jacques Rousseau
« La monarchie ne convient qu’aux nations opulentes, l'aristocratie aux États médiocres, et la démocratie aux États petits et pauvres. » - Du Contrat social
Karl Popper
« Toutes les théories sont des hypothèses, toutes peuvent être démontées. Le jeu de la science n’a fondamentalement pas de fin. Celui qui décide un jour que les principes scientifiques n’ont pas à être vérifiés plus avant, mais sont à considérer comme définitivement vérifiés, sort du jeu. »
Emile Dukheim
«L'éducation est l'action exercée par les générations adultes sur celles qui ne sont pas encore mûres pour la vie sociale. Elle a pour objet de susciter et de développer chez l'enfant un certain nombre d'états physiques, intellectuels et moraux que réclament de lui et la société politique dans son ensemble et le milieu spécial auquel il est particulièrement destiné.»
Oscar Wilde
«Il n'y a pas de pire mensonge que celui qui est proche de la réalité.»
Franklin Henry Giddings
«Il n'y a pas d'erreur plus ordinaire que celle qui confond les croyances populaires (popular beliefs) avec les jugements sociaux qui forment l'opinion publique authentique.» - Elements of Sociology - 1898
Serge Cartanfan
L'oeuvre «Le meilleur des mondes» de l'auteur Aldous Huxley est paru en 1932. Son caractère visionnaire est stupéfiant quand on le compare à la société actuelle. Tous les ingrédients du roman sont aujourd’hui effectivement réunis pour que le scénario soit en passe d’être réalisé. Si nous devions formuler dans un discours une prosopopée du cynisme politique incarné par le personnage cynique d’Huxley, cela donnerait quoi ?
«Pour étouffer par avance toute révolte, il ne faut surtout pas s’y prendre de manière violente. Les méthodes archaïques comme celles d’Hitler sont nettement dépassées. Il suffit de créer un conditionnement collectif en réduisant de manière drastique le niveau et la qualité de l’éducation, pour la ramener à une forme d’insertion professionnelle. Un individu inculte n’a qu’un horizon de pensée limité et plus sa pensée est bornée à des préoccupations matérielles, médiocres, moins il peut se révolter. Il faut faire en sorte que l’accès au savoir devienne de plus en plus difficile et élitiste que le fossé se creuse entre le peuple et la science, que l’information destinée au grand public soit anesthésiée de tout contenu à caractère subversif. Là encore, il faut user de persuasion et non de violence directe : on diffusera massivement, via la télévision, des divertissements abrutissants, flattant toujours l’émotionnel, l’instinctif. On occupera les esprits avec ce qui est futile et ludique. Il est bon avec un bavardage et une musique incessante, d’empêcher l’esprit de s'interroger, penser, réfléchir. On mettra la sexualité au premier rang des intérêts humains. Comme anesthésiant social, il n’y a rien de mieux.
En général, on fera en sorte de bannir le sérieux de l’existence, de tourner en dérision tout ce qui a une valeur élevée, d’entretenir une constante apologie de la légèreté de sorte que l’euphorie de la publicité, de la consommation deviennent le standard du bonheur humain et le modèle de la liberté.»
« La souvernaineté surpranationale d'une élite intellectuelle et des banquiers mondiaux est certainement préférable aux décisions nationales qui se pratiquent depuis des siècles.»
Citation issue de la déclaration de David Rockfeller lors de la réunion du groupe Bilderberg à Baden-Baden en juin 1991.
Pierre Bourdieu
« Il y a une manipulation politique de la définition du politique. L'enjeux de la lutte est un enjeu de lutte : à tout moment il y a une lutte pour dire s'il est "convenable" ou non de lutter sur tel ou tel point. C'est un des biais par lesquels s'exerce la violence symbolique comme violence douce et masquée.» - Question de sociologie, Editions Minuit, 1981, p. 258
Général Bradley, responsable logistique du débarquement du 6 juin 1944
« Mon deuxième bureau (renseignement) me dit ce que je dois faire : mon quatrième bureau (logistique) me dit ce que je peux faire ; et moi, le chef je dis à mon troisième bureau (opération) ce que je veux faire.»
Sur un des murs du bureau ou se réunissait la LCS, la London Controlling Section, organisation britannique ultra-secrète qui, pendant la Seconde Guerre mondiale, fut chargée de la conception des plans stratégiques de mystification, et de la coordination de leur exécution (batailles, raids, coups de commando...), était fixée une plaque avec ces mots :
« On nous apprend à considérer comme un déshonneur de réussir par le mensonge... et nous continuerons de répéter inlassablement que l'honnêteté est la meilleure des politiques et que la vérité finit toujours par gagner. Ces jolis petits sentiments sont parfaits pour les enfants, mais un homme qui en fait sa ligne de conduite ferait mieux de remettre son épée au fourreau pour toujours.»
Philippe Breton, « Publions, on verra après», Libération, 30 janvier 1998
« Désinformer, c'est couvrir un mensonge avec les habits de la vérité. En démocratie, où les entreprises manipulatoires sont légion, la désinformation est la reine des techniques visant à tromper l'opinion.»
Ignacio Ramonet, « La tyranie de la communication», 1999, p. 128
« Les guerres, dans un univers surmédiatisé, sont devenues de grandes opérations de promotion politique qui ne sauraient être conduites en dehors des impératifs des relations publiques. Elles doivent produire des images propres, limpides, répondant aux critères du discours de propagande ou, en termes contemporains, du discours publicitaire. Cela est une affaire trop sérieuse pour être laissée aux reporters des informations télévisées ».
Ignacio Ramonet, « La tyranie de la communication», 1999, p. 184
« Longtemps rare et onéreuse, l'information est devenue pullulante et prolifique ; certes de moins en moins chère, au fur et à mesure que son débit augmente, elle est néanmoins de plus en plus contaminée. Alors que les passerelles, les ramifications et les fusions entre grands groupes de communication se multiplient dans une atmosphère de compétition impitoyable, comment être sûr que l'information fournie par un média ne visera pas à défendre, directement ou indirectement, les intérêts d'un conglomérat auquel il appartient plutôt que ceux du citoyen ? »
Ignacio Ramonet, « La tyranie de la communication», 1999, p. 192
« Désormais , un fait est vrai non parce qu'il obéit à des critères objectifs, rigoureux et recoupés à la source, mais tout simplement parce que d'autres médias répètent les mêmes informations et confirment. La répétition se substitue à la démonstration. L'information est remplacée par la confirmation. [...] C'est ainsi, on l'a vu, que furent construits les vrais-faux du charnier de Timisoara et tous ceux de la Guerre du Golfe et de Bosnie. Les médias ont de plus en plus de mal à distinguer, structurellement, le vrai du faux. Là aussi, Internet aggrave les choses, car le pouvoir de publier est désormais décentralisé, toute rumeur, vraie ou fausse, devient de l'information, et les contrôles, effectués naguère par la direction en chef, volent en éclats.»
Ignacio Ramonet, « La tyranie de la communication», 1999, p. 193
« Le journal télévisé, structuré comme une fiction, n'est pas fait pour informer, mais pour distraire. Ensuite, la rapide succession de nouvelles brèves et fragmentées (une vingtaine par journal télévisé) produit un double effet négatif de surinformation et de désinformation (il y a trop de nouvelles , mais trop peu de temps consacré à chacune d'elles). Et enfin, vouloir s'informer sans effort est une illusion qui relève du mythe publicitaire plutôt que de la mobilisation civique. S'informer fatigue, et c'est à ce prix que le citoyen acquière le droit de participer intelligemment à la vie démocratique.»
Ignacio Ramonet, « La tyranie de la communication», 1999, p. 197
« S'informer demeure une activité productive, impossible à réaliser sans effort, et qui exige une véritable mobilisation intellectuelle. Une activité assez noble, en démocratie, pour que le citoyen consente à lui consacrer une part de son temps, de son argent et de son attention. L'information n'est pas un des aspects de la distraction moderne, elle ne constitue pas l'une des planètes de la galaxie divertissement ; c'est une discipline civique dont l'objectif est de construire des citoyens.»
Bernard Langlois, « Plus on communique, moins on informe », in Collectif, Guerres et télévision, Valence, CRAC, 1991
« Dans les conditions de production actuelles, les reporters n'ont plus le temps d'enquêter, de réfléchir, d'approfondir, de mettre les faits dans un contexte. Cela est dû à la progression des techniques de communication, des transmissions, des satellites... Maintenant, tout va très vite avec, de surcroît, le poids et les effets d'entraînement de la télévision. A cela s'ajoutent les ravages de la concurrence, la nécessité d'être le premier et d'être le plus spectaculaire, car cela se traduit en part de marché, et donc en recettes publicitaires. Ces conditions font que les journalistes ne sont pas forcement responsables ; on ne leur laisse pas le choix. Et on arrive à ce paradoxe que, plus on communique, moins on informe, donc plus on désinforme. »
Stanley Milgram, Soumission à l'autorité, 1963, p. 377
« J’observai un homme d’affaires équilibré et sûr de lui entrer dans le laboratoire, souriant et confiant. En moins de vingt minutes il fut réduit à l’état de loque parcourue de tics, au bord de la crise de nerfs. Il tirait sans arrêt sur le lobe de ses oreilles et se tordait les mains. À un moment il posa sa tête sur son poing et murmura : « Oh mon Dieu, faites qu’on arrête ! » Et pourtant il continua à exécuter toutes les instructions de l’expérimentateur et obéit jusqu’à la fin. »
Stanley Milgram, Soumission à l'autorité, 1963, p. 167
« Un individu est en état agentique quand, dans une situation donnée, il se définit d’une façon telle qu’il accepte le contrôle total d’une personne possédant un statut plus élevé. Dans ce cas, il ne s’estime plus responsable de ses actes. Il voit en lui un simple instrument destiné à exécuter les volontés d’autrui. »
Joseph Messinger, Ces gestes qui manipulent, ces mots qui influencent, 2003, p. 338
« En vous exerçant à adopter la double conscience, vous développerez rapidement votre empathie, cette faculté de ressentir ce que vit l'autre. L'empathie est la clef universelle de la séduction de masse. « Françaises, Français, je vous ai compris ». La formule du Général de Gaulle devrait vous revenir à la mémoire. Cette phrase célèbre révélait le pouvoir de séduction et le degré d'empathie de ce personnage historique. Comme vous le constatez, il suffit de quelques mots choisis dans un contexte emotionnel fort pour appartenir à l'Histoire ».
Marceau Felden, La démocratie au XXe siècle, 1994, p.45
« C'est au XIXe siècle, notamment avec Hegel, que commencèrent les spéculations modernes sur les différents aspects de la pensée politique, hors de son contexte théocratique, pour tenter d'en faire une science. L'une des idées-forces qui s'en dégagea fut la reconnaissance du caractère évolutif du concept de « réalité politique » et des phénomènes associés. Ce qui veut dire que les modalités d'exercice du pouvoir, et les formes qu'il peut prendre ne sont pas invariables ni imposées. Contrairement aux opinions antérieures, dont celle de Montesquieu dans De l'esprit des lois, il apparaît que le pouvoir politique n'est pas régi par des « lois naturelles » intransgressibles. Bien au contraire, ses degrés de liberté sont grands. Cette découverte, et les remises en question qu'elle suscita - notamment à propos de la légitimité - fut une révolution intellectuelle comparable, dans son esprit comme dans son principe, à celle qui affecta les sciences physiques au XVIIe siècle, particulièrement avec les travaux de Kepler et Newton. Cependant elle n'a pas conduit aux mêmes bouleversements et n'a engendré aucune réflexion approfondie.»
Hegel
« C'est beaucoup demander de réunir deux pensées là où il n'y en a même pas une seule.»
« Lorsque la philosophie peint son gris en gris, c'est qu'une figure de la vie est devenue vieille, et avec du gris en gris elle ne se laisse pas rajeunir mais seulement connaître ; la chouette de Minerve ne prend son envol qu'au crépuscule qui commence. »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire